lundi 30 juin 2014
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Anastasia Taylor-Lind
Les portraits de la photographe anglo-suédoise Anastasia Taylor-Lind offrent un contraste prononcé avec la plupart des images dramatiques qui ont émergé du square de l’Indépendance, à Kiev, lors du soulèvement de l’Ukraine en début d’année. C’est sans rappeler la gravité de ces évènements, qui ont vu l’affrontement entre le peuple et les forces de l’ordre comme peut-être l’Europe n’en avait pas vu depuis la Guerre Froide : manifestations et batailles qui ont eu pour conséquences de plus d’une centaine de morts et encore davantage de blessés. Malgré les visages marqués et la détermination de leurs protagonistes, dont certains ont été des combattants, les images de Taylor-Lind renvoient un message de paix, de fraternité et de recueillement. Cela a voir avec la pose, statique et plutôt formelle, le fond noir de son studio improvisé, mais surtout avec les diverses fleurs que ces hommes et femmes tiennent dans leur bras, apportées en respect aux morts mais qui se révèlent également comme un message contre la violence qui sévissait à deux pas. Là est aussi le pouvoir du portrait, presque par opposition avec l’image de reportage. Le récit, ici, ne se lit pas dans les gestes ou le contexte, mais dans le regard de ses opposants à l’injure politique. Un regard tantôt triste, tantôt révolté, souvent bouleversé et bouleversant. Bien sûr, rien ne remplace l’image iconique, où la scène significative est reine. Bien sûr, les séries de ce type sont une tendance contemporaine car elles peuvent s’afficher sur les murs d’une galerie et entrer sur un marché qui s’est longtemps opposé au monde du photojournalisme. Il n’en reste pas moins qu’elles offrent un point de vue différent, cette représentation au travers un échantillon de personnes plutôt que celle par un seul individu, une forme de photographie entre témoignages et étude sociologique, à l’image du travail de l’artiste Taryn Simon. Maidan: Portraits from the Black Square n’est probablement pas la série la plus étonnante sur la "révolution ukrainienne", mais se tenir devant chacune de ses images, chacune de ces histoires personnelles offre à coup sûr une émotion poignante. C’est finalement la réaction souhaitée d’une photographie, quelle que soit son genre : le refus de l’indifférence.
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Helmut Newton / Alice Springs: Us and Them & Helmut Newton: Sex and Landscapes
La fondation Helmut Newton célèbre son dixième anniversaire. Le musée avait à l'époque ouvert ses portes avec deux expositions, Us and Them et Sex and Landscapes, qui avaient été sélectionnées par Helmut Newton peu de temps avant sa mort. Aujourd'hui, la présidente de la fondation, June Newton (alias Alice Springs) a choisi de reprendre cette combinaison. Us and Them, est une exposition (et un projet de livre) organisée par Helmut et June Newton en 1998 et présentée depuis lors dans de nombreux musées et galeries. Journal photographique de leur vie en commun, le projet inclut des autoportraits parfois intimes, des portraits réciproques, ainsi que des photographies d'acteurs, d'artistes et d'autres figures connues de cette époque. Réalisées durant les années 80 et 90, les photographies de la jet set internationale prises par Helmut Newton et Alice Springs sont présentées en diptyques. Chaque portrait raconte une histoire complexe. Les personnes de ces photographies noir et blanc sont présentées d'abord dans un cadre privé, puis apparaissent en tant que personnages publics, présentant des facettes émotionnelles très différentes dans les deux cas. Sex and Landscapes nous permet de découvrir un aspect différent d'Helmut Newton. Capturés entre 1974 et 2001, en noir et blanc et en couleur, paysages grand format et photos de nus sont présentés conjointement. Une atmosphère intemporelle de mélancolie se dégage de la rencontre entre ces modèles élégants et vains, et leur reflet. Paysages maritimes sous les nuages et vagues déferlantes à Monte-Carlo, figures de Madone néo-baroques dans de petites villes italiennes et lac Grunewald à Berlin se mélangent avec des nus dans des scènes provocatrices et glamour d'obsession sensuelle, interprétées par une pléiade de femmes. A voir jusqu'au 16 novembre 2014 à la Fondation Helmut Newton de Berlin, en Allemagne.
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